Collection « La clé des champs »

  • Himalaya
  • Nationale 7
  • Plumes des champs
  • Méditerranée
  • Ténéré
  • Diois (Le)
  • Paysans
  • Roues libres
Couverture
Vallée de Katmandou – Népal :

« Dans une cour secrète où nous entrons par une porte basse, un potier travaille une motte de terre glaise posée sur son tour. D’un geste souple et précis, il façonne par dizaines des petites coupelles qu’il dispose sur un plateau d’osier. Plus loin, sur la grande place du quartier, une vieille femme expose délicatement ces centaines d’objets en terre crue afin qu’ils sèchent au soleil. Perdue au milieu des poteries, elle semble un îlot entouré de vaguelettes de terre. Une fumée épaisse envahit bientôt la cour. Des ballots de paille se sont embrasés en un instant dans le four à ciel ouvert et répandent une vive chaleur. Puis le feu s’essouffle et s’éteint rapidement, permettant aux potiers de récupérer sous la cendre une multitude de poteries maintenant cuites qu’ils manipulent avec des pinces en fer pour ne pas se brûler. Elles seront ensuite conditionnées dans de grands sacs puis vendues à travers tout le pays.
Nous sommes à Bhaktapur, ancienne cité royale de la vallée, renommée pour la qualité de son artisanat. La ville est habitée par une importante communauté newar, que l’on considère comme la première occupante de la vallée. Artistes et artisans hors pair, c’est aux Newar que l’on doit l’édification de la plupart des monuments de celle-ci, notamment des pagodes dont ils seraient les inventeurs. L’histoire raconte en effet qu’ils auraient exporté ce type de monument dans toute l’Asie orientale, à l’occasion d’un voyage qui devait les mener jusqu’à la cour des empereurs mongols à Pékin.
Bhaktapur est aujourd’hui un joyau d’architecture et de sculpture, et se perdre dans ses ruelles est pour nous un vrai délice. C’est aussi un havre de tranquillité après la frénésie de Katmandou, car il y a peu de circulation dans les rues ; chaque quartier est un village dans la ville, centré autour d’une grande place où la vie quotidienne bat son plein.
Les anciens discutent sur le pas des portes, tandis que des femmes s’activent sur la place au milieu de ribambelles de gamins. L’atmosphère est bucolique : c’est la fin des fenaisons ; les femmes vannent les grains dans le vent, utilisant de larges plateaux tressés qu’elles agitent souplement. De loin, ces gestes immuables ressemblent à une chorégraphie silencieuse, et des dizaines de petits tas dorés se forment au soleil. C’est un moment de calme et de paix, inestimable dans cette bruissante vallée de Katmandou, que nous essayons d’immortaliser sans le troubler. Afin de ne pas nous faire remarquer, je laisse l’enregistreur et le casque cachés dans mon sac, les micros négligemment coincés entre les genoux, et j’enregistre la scène sans la regarder, captivé par le détail d’un balcon en bois qui surplombe la place. Cette ruse nous permet parfois d’enregistrer les sons de la vie quotidienne sans attirer des grappes d’enfants, certes mignons mais généralement aussi bruyants que curieux. Il arrive aussi que la ruse soit éventée. Nous leur faisons alors une petite démonstration d’enregistrement, puis le casque passe de main en main, à la plus grande joie des bambins. »
(p. 58-60)

Ladakh – Ouest himalayen (p. 16-18)
Vallée de Lhassa – Tibet (p. 82-84)
Sikkim – Est himalayen (p. 102-104)
© Transboréal : tous droits réservés, 2006-2024. Mentions légales.
Ce site, constamment enrichi par Émeric Fisset, développé par Pierre-Marie Aubertel,
a bénéficié du concours du Centre national du livre et du ministère de la Culture et de la Communication.