La première exploration du lac remonte à l’an 1643. La fondation de l’avant-poste qui deviendra Irkoutsk et de l’ostrog de Bargousine au milieu du XVIIe siècle sonne le début d’une vague de campagnes autour de la « mer sibérienne ». C’est au début du XVIIIe siècle que le Baïkal reçoit la visite d’érudits : les études des Allemands Pallas et Gmelin révèlent l’existence d’espèces endémiques comme l’omoul. En 1825, Nicolas Ier y déporta les Décembristes qui mirent à profit leur réclusion pour faire rendre gorge au lac de ses mystères. La station d’études limnologiques du Baïkal fut créée sous Staline et l’académie d’Irkoutsk n’a jamais cessé pendant les années soviétiques de produire un matériau d’étude colossal sur le lac, qui fut réuni dans un Atlas du Baïkal en 1993. Parmi les scientifiques que le lac continue de passionner, les Chinois ne sont pas en reste : la réserve d’eau potable du Baïkal, dont le seul volume pourvoirait aux besoins de l’humanité pendant trente ans, se tient à moins de 1 000 kilomètres d’un empire en pleine expansion économique et dont certaines régions montrent des signes d’assoiffement.

Baïkal

Sacha est l’un des derniers Russes à n’avoir point quitté l’ancienne base scientifique de Davcha, en pleine réserve naturelle de la Bargousine (la plus ancienne de l’ex-Union soviétique). Comme beaucoup de hameaux baïkaliens, celui-ci a été abandonné lors de la catastrophe de 1991 et végète aujourd’hui, peuplé par d’irréductibles nostalgiques qui préfèrent se lamenter sur l’ancien temps plutôt que d’espérer un avenir improbable à Irkoutsk ou Oulan-Oude.

Images de Thomas Goisque, extraites de l’album Lac Baïkal, Visions de coureurs de taïga

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