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Retour en Patagonie
par
le jeudi 18 septembre 2008 à 20 heures 30


Immense territoire venteux dont la superficie équivaut à six fois celle de la France, la Patagonie s’étend sur l’Argentine et le Chili, coincée entre les océans Pacifique et Atlantique. Elle court de Puerto Montt, côté chilien, à San Carlos de Bariloche, côté argentin. C’est la base septentrionale d’un triangle dont la pointe, à l’extrême sud du continent américain, est le cap Horn. La cordillère des Andes s’y érige en frontière naturelle entre les deux frères ennemis que sont le Chili et l’Argentine. Mais, parfois, la nature n’offre pas de marque de séparation évidente : les champs de glace d’altitude, qui sont la seconde plus grande réserve d’eau douce de la planète après la calotte antarctique, restent depuis cent ans la cause de tensions entre les deux pays. La chaîne montagneuse divise également le climat : le versant chilien, étroit et accidenté, se révèle aussi froid et humide que le versant argentin, vaste et plat, est chaud et sec.
Une géographie extrême a rendu la région mythique. Le climat est rude et imprévisible : les quatre saisons peuvent se succéder dans la même journée, et un vent violent souffle en permanence. La densité de population est très faible : 70 % de la population chilienne vit dans 20 % du territoire, c’est-à-dire autour de la capitale, Santiago. Les personnages associés aux grandes découvertes maritimes – Magellan pour le détroit, Beagle pour le canal, Horn pour le cap) ou à l’« andinisme » – Fitz Roy pour le massif – ont inscrit le nom de la Patagonie dans l’histoire de l’exploration. Au début du siècle, la ruée vers l’or en Terre de Feu et la présence de Butch Cassidy et Sundance Kid, en fin de carrière, ont aussi peut-être contribué à forger le surnom de la Patagonie, ce « Far West austral » qui, depuis, a attiré tant les Espagnols que les Écossais, les Allemands, les Croates, les Russes ou les Libanais.


Fabrice Marquat découvre la Patagonie par les livres. Adolescent, il dévore les ouvrages de Luis Sepúlveda et de Francisco Coloane et, plus tard, Bruce Chatwin et son livre culte En Patagonie. Durant dix mois en 1997, il voyage autour du monde et effectue un reportage photographique sur les spectacles de rue. Il parcourt seize pays (trop, selon lui, avec le recul) mais il prend tout de même le temps de couvrir 2 500 kilomètres en Patagonie, depuis Santiago du Chili, pour contempler le détroit de Magellan et randonner dans le parc Torres del Paine. Ce court séjour le frustre, mais Fabrice Marquat constate qu’un déclic s’est produit en lui : il décide de revenir en Patagonie, seul et à moto, pour une longue durée. Dix années passent sans que son souhait se réalise. En 2007, après deux ans de préparation, il se sent prêt à retourner voir La Tierra del Viento, comme la désigne une vieille Argentine rencontrée dans un village isolé de la pampa. Entre-temps il a arrêté la photographie et s’est initié au cinéma. C’est donc par un film qu’il retranscrit sa pérégrination.
La Patagonie étant un « pays » peuplé par des colons (dont les descendants ont préalablement exterminé les indigènes tels que les Yamanas) et qui attire de nombreux voyageurs au long cours et autres néo-aventuriers contemporains, Fabrice Marquat souhaite rencontrer et comprendre ce qui les pousse jusque-là. Le film est également pour lui le moyen de s’interroger sur ses propres motivations, sur la source de son envie irrépressible de voyage, mais en outre d’aborder la question de ce qu’est l’aventure aujourd’hui : cette notion fort relative dépend en réalité des limites que chacun s’assigne en matière de prise de risques. Après plus de 20 000 kilomètres de routes, de pistes et de canaux, Fabrice Marquat remonte à Santiago six mois plus tard. Quelques réponses se sont imposées à lui en chemin mais beaucoup d’autres questions sont nées : les personnes rencontrées lui ont à chaque fois fourni des éléments de réponse mais aussi transmis leurs propres interrogations sur le thème de l’exil, momentané ou définitif, ouvrant ainsi davantage, pour le voyageur, le spectre de sa recherche…





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DVD de l’intervenante en rapport avec cette conférence :
Yamana, Retour en Patagonie


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