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Place Rapp à Colmar – Haut-Rhin (France)
Année 2017
© Tania Kagan
Informaticien, adepte des jeux de rôle et du voyage intérieur.

En guise de conclusion :


« Comme Socrate, je sais que je ne sais rien et, dans cette nullité, je puise une force vitale. Quand je rencontre de nouvelles personnes, je sais que je ne leur suis en rien supérieur, mais je sais aussi que l’inverse est vrai. Dans l’espace et le temps qui nous sont réservés, nous sommes tous des voyageurs isolés, des vaisseaux en perdition qui butinent, de-ci de-là, des idées goûteuses dont nous savons parfois nous écœurer. Au milieu de cette errance, c’est encore une maxime ancienne qui peut nous guider. Appliquée à la médecine, elle s’étend à tous les domaines de la vie : faire du bien, ou au moins ne pas faire de mal. Tout simplement.
Depuis que je suis né, j’ai été lancé dans le vide, projectile véloce mais qui ralentit. Mes parents, les premiers, ont orienté ma trajectoire, posé des garde-fous, balisé le chemin. Les amis sont venus ensuite, modifiant inexorablement mon voyage. Mon voyage est spatial, et donc temporel. Je fais partie de leur constellation et je connais ma destination : m’éteindre, après un trajet étonnant.
Je suis un voyageur immobile. Je n’ai guère envie de bouger et ne souhaite bousculer personne. Tout au plus, j’espère que l’on puisse concevoir l’existence de tels êtres discrets, disséminés dans la population. Aucune aventure ne m’arrive jamais, je les fuis avec constance. Mais je ne refuse jamais une question. En me la posant, vous aurez peut-être déclenché une quête qui se poursuivra sans vous. Un bon argument détruit une de mes idées ? Merveilleux ! Voilà de nouvelles possibilités à explorer. Le monde est un livre fait de sensations, les autres hommes les véhiculent jusqu’à moi. Je baigne dans cette profusion avec joie et gratitude. Je sais que je fais partie d’un tout, et je sais qu’aux yeux de l’univers et de l’éternité, ce tout est insignifiant. De cette insignifiance, je tire ma liberté. D’une certaine façon, le mal existe et rôde au-dehors, prêt à fondre sur ses proies, à dérober la joie et la liberté. Je ne peux rien contre lui, si ce n’est tisser un cocon de bienveillance autour de moi. À chaque rire avec des amis, je l’imagine frémir de douleur. C’est ma petite victoire. »


Extrait de :

Le Voyage immobile, Petite exploration du monde sans mettre les voiles ou le souffle de l’aventure intérieure
(p. 87-89, Transboréal, « Petite philosophie du voyage », 2017)

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