Cristina Noacco

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Château d’Arcano, Udine – Frioul (Italie)
Année 2016
© Fabiana Savorgnan Cergneu di Brazzà
Maître de conférences en littérature médiévale à l’Université Jean-Jaurès de Toulouse. Amoureuse de la montagne et du silence.

Libre et sauvage :


« C’est dans la solitude que le silence fait résonner les cordes les plus intimes de notre esprit, dans le théâtre de la nature qu’il orchestre le concert le plus harmonieux. Lorsque, l’été, je troque mon perchoir urbain pour l’air libre de la montagne, j’aime partir avant l’aube, dans le silence le plus intense, celui qui précède le point du jour. Dans la symphonie de la nature, chaque bruit de la Création s’invite dans un grand concert toujours unique, et mon ouïe, à l’abri de la pollution sonore de la circulation, peut retrouver la paix du langage primitif. Les feuilles des hêtres frémissent, les cimes des sapins ondoient, les branches des peupliers bruissent en réponse à la caresse du vent. Sur les plus hautes, ou bien caché par le feuillage, un pinson chante : kiu kiu kiu leo leo leo grìpio, tchic ! Au loin, un autre lui répond. Savoir reconnaître les voix de la nature – distinguer le chant de la mésange de celui de l’alouette, le frissonnement des feuilles du peuplier de celui des branches de l’orme – permet de prendre part au grand concert non seulement comme auditeur, mais aussi comme instrument qui, par la mesure de son passage, transforme la partition. Faire silence et écouter, lorsqu’on marche en montagne, fait partie pour moi du plus beau rituel que l’école de la nature m’ait appris. Il me sera alors peut-être donné de croiser les pas d’un animal qui, se croyant seul, sort du fond du bois et me regarde silencieux dans les yeux, avant de disparaître à nouveau, libre et sauvage. »


Extrait de :

La Force du silence, Petites notes sur le bruissement du monde
(p. 13-14, Transboréal, « Petite philosophie du voyage », 2017,3e éd. 2022)

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