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Au village de Boubonitsy sur le plateau du Valdaï, chez Valentin Pajetnov, l’auteur de L’ours est mon maître – district de Toropets, oblast de Tver (Russie)
Année 2015
© Olga Gauthier
Auteur et traducteur du russe. A beaucoup publié sur la Sibérie.

Introduction :


« Une fois franchi cet obstacle, de la façon que l’on verra bientôt, les Russes vont s’enfoncer en Sibérie “tel un couteau dans le beurre”, comme le dit un historien du XIXe siècle qui avait évidemment en vue la soumission des aborigènes. Mais il restait à parcourir et explorer, à coloniser tout un continent aux conditions climatiques et naturelles exceptionnellement rudes, qui n’existait pour ainsi dire pas sur la carte du monde. Celles de Herberstein et de Jenkinson, à la fin du XVIe siècle, s’arrêtent à l’Oby fluvius, cependant que le moine et voyageur français André Thevet écrit en 1575 dans sa Cosmographie universelle : “Entre Permie et Viatka gist la province dite Sibier, toute déserte à cause que les Tartares y sont toujours dedans et y font leurs courses…” C’est par les Russes et les étrangers entrés au service de la Russie que la Sibérie va pouvoir prendre forme sur les cartes et dans l’histoire consciente du monde.
On a pu dire que la Sibérie était comme prédestinée aux Russes, inexorablement tournés vers l’est depuis qu’ils avaient choisi Byzance contre Rome. Alexandre Herzen affirmait qu’elle leur a apporté un “supplément d’âme”, cette “dimension de folie nécessaire” qui les différencie des autres peuples slaves. À vrai dire, c’est avec l’assimilation de la Sibérie, son prolongement naturel, que la Rous’ devient la Russie (d’où la place unique accordée au cosaque Ermak dans l’imagerie populaire). Sans doute est-ce aussi ce qu’avait en vue, au XVIIIe siècle, l’historien et homme d’État Vassili Tatichtchev en affirmant, avec une intonation toute voltairienne, que “si la Sibérie n’existait pas, il aurait fallu l’inventer”. Mais la Sibérie existait bel et bien. Il ne s’agissait que de la découvrir. »


Extrait de :

L’Exploration de la Sibérie
(p. 33-34, avec Antoine Garcia, Actes Sud, 1996 ; Transboréal, « Voyage en poche », 2014, rééd. 2018)

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