David Lefèvre

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Forêt de Brocéliande – Ille-et-Vilaine (France)
Année 2011
© David Lefèvre
Fin connaisseur de l’Amérique latine, et particulièrement de l’Argentine et du Chili. A vécu sur l’île de Chiloé.

D’un océan à l’autre :


« Sac bouclé, je partis m’asseoir une dernière fois sur le bord de l’Atlantique. Besoin de contempler l’océan qui donnait la direction, d’y promener indéfiniment dans ma bouche la fièvre prolongée du grand saut. Incandescence des émotions… Ferveur de l’appareillage. Les grandes ruptures sécrètent cette goutte de folie brûlante, une adrénaline qui vous prend au corps et pénètre toutes les chairs. Partir. Seul le mot est une délivrance. Il n’y a rien de plus stimulant que de pouvoir dire : “J’ai levé le camp. Je suis hors d’atteinte. Je m’enfonce dans une autre géographie.” Autour, le monde ignore la page que l’on entrouvre. On se sent important, un brin héroïque. On se promet déjà liesse, rencontres inattendues et vertes campagnes, comme si la vie à venir nous devait quelque chose. C’est sans aucun mérite. Probablement l’excitation est-elle très enfantine. C’est comme fourbir un talon secret, préparer une évasion. La trentaine passée, il n’est pas interdit de traquer les cailloux blancs. Ni d’entreprendre le plus innocent des voyages. Comme l’enfant capable de reprendre racine en nous à tout âge, j’envisageais les fastes d’un accostage en continent inconnu.
J’étais surtout assez fou pour m’enticher d’une chimère ignorée des planisphères. Mon départ serait un plongeon dans l’imprévu. Je me mettrai en route comme on profite d’une éclaircie. J’irai au rythme des découvertes. Il serait toujours temps de prendre des renseignements sur le grand mystère que j’invitais dans mon bagage. On ne trace aucun plan pour se diriger vers l’inconnu.
Huit semaines plus tard, j’accostai sur les bords du Rio de La Plata. »


Extrait de :

Aux quatre vents de la Patagonie, En route pour la Terre de Feu
(p. 23, Transboréal, « Sillages », 2012, rééd. 2014)

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