Philippe Sauve

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Minneapolis – Minnesota (États-Unis)
Année 2008
© Sandrine Uccellini
Voyageur et réalisateur épris des contrées boréales de l’Amérique et de la Sibérie.

Sous le soleil levant :


« Je fixai plus intensément du regard le soleil qui venait de passer l’horizon et, soudain porté par le fluide d’un formidable enchantement, je fis demi-tour et retournai chez moi. Je passai devant le miroir brisé du hall d’entrée de mon immeuble et y observai un instant le reflet de mon visage. J’avais un léger sourire… Je montai une trentaine de marches et entrai dans l’appartement. Je me rendis aussitôt à la salle de bains pour y récupérer mes affaires de toilette : mon peigne, ma brosse à dents… Je vérifiai également si j’avais toujours dans mon portefeuille mes papiers d’identité, mon passeport et ma carte bleue. Je traversai ensuite le couloir jusqu’à la cuisine où je disjonctai les plombs et fermai le robinet du gaz. Je m’approchai de la fenêtre pour embrasser une dernière fois du regard la ville, le décor déprimant des bâtiments entassés. Puis, d’un geste précis, je fermai les deux volets. Je tournai enfin la clé dans la serrure et regagnai les marches de l’immeuble, la rue, puis le bistrot du quartier.
Étonné de ne pas être à mon rendez-vous, je m’installai sur un tabouret au comptoir du bar pour commander un café serré. Dehors, le ciel du jour s’annonçait radieux. Je bus une première gorgée et sortis de ma poche une feuille de papier pour écrire une lettre à Jim :
“Jim, mon ami. Je pars en voyage vivre la vie que je rêvais enfant. J’ai eu un déclic ce matin en marchant sous le soleil levant. Il faisait trop beau pour travailler. Alors, j’abandonne tout, je m’en vais. Voici la clé de mon appartement. Prends tout ce que tu peux revendre et garde l’argent. Je n’y retournerai pas. Et si quelqu’un me cherche, dis que je suis parti loin dans un ‘paradis d’étoiles’. J’ai 2 000 euros qui devraient suffire à démarrer l’aventure. Je passe à l’aéroport et m’embarque sur le premier vol disponible. Ensuite, je verrai bien… Je laisserai faire la magie du voyage. Mais rassure-toi, je ne serai pas long. Alors, tiens bon ! Ton ami de cœur : Philippe…” »


Extrait de :

Errance amérindienne, Une initiation à l’Amérique profonde
(p. 23-24, Transboréal, « Sillages », 2010)

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